En ce jour du souvenir, j'écoutais une entrevue à la radio avec un ex-général qui m'a ébranlée.
Non pas parce que j'y entendais quelque chose de nouveau mais plutôt parce que, pour une première fois, je sentais une profonde sincérité face à une affirmation que j'ai toujours évacuée rapidement trouvant trop souvent que l'interlocuteur cherchait à glorifier son implication dans la cause avec un manque d'impartialité flagrante.
Évidemment, est-ce possible d'être objectif et impartial face à la guerre quand on y a participé sur le terrain et qu'on y a vécu des atrocités indélébiles dans notre mémoire? Fort à parier que non.
Mais quand même. Voilà que j'écoute un homme qui me convînt de la nécessité de participer à la guerre dans un ton qui me rejoint, qui me touche, qui me fait adhérer à ses arguments.
Et pourtant par la suite, quand je retravaille le sujet dans ma tête, j'ai toujours de la difficulté à me faire l'idée que "oui", bien sûr, la guerre est une nécessité pour assurer la paix.
Le paradoxe me semble tellement gros qu'on ne peut que rejeter l'idée que la guerre peut engendrer la paix.
Et alors je repense à cet homme, simple, sans prétention criblé de souvenirs les plus durs les uns que les autres qui parle et insiste: les hommes, les femmes et les enfants de pays en guerre ont eux aussi le droit de vivre dans un climat de paix. Un climat qu'il leur permet d'espérer et de rêver à une vie meilleure.
Je ne peux pas réfuter ce souhait d'un bien être collectif équitable.
Il ajoute: alors si nous, hommes libres, laissons la guerre s'enraciner dans un pays, nous manquons à notre devoir d'empêcher que la culture de la guerre puisse croître sur notre planète. Car si telle est notre décision, c'est peut-être chez nous en occident qu'un climat de terreur pourrait éventuellement s'installer.
Effectivement, la rhétorique est solide et la conclusion est difficilement niable: tenter de combattre la guerre par ses propres stratégies et moyens peut être justifié. Ne combattons nous pas parfois le feu de forêt par le feu?
Oui mais en même temps, nous avons le sentiment que l'idéal est d'éteindre le feu par l'eau et non nécessairement de laisser le feu s'éteindre par lui-même, suite à l'épuisement de carburant. L'idéal, n'est donc probablement pas de tenter d'amener la guerre à épuisement en faisant la guerre.
Voilà une question ouverte. Tout dépend comment vous voyez les choses:
La maladie est-elle une absence de santé ou si la maladie est tous simplement une réalité en soit, la maladie elle-même?
La guerre est-elle une absence de paix ou est-elle une réalité préexistante autant que la paix elle-même?
Si l'un est le résultat de l'absence de l'autre, il me semble que la meilleure approche est de combler le vide par l'autre.
Et à l'inverse, si l'un n'est que lui-même et qu'il est dévastateur, il devient plausible et justifié de le combattre par ses propres modus operandi.
Alors dans cet esprit, peut-être qu'une guerre justifiée peut finalement devenir juste?
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