Je vous offre devenir tout ce que vous avez toujours voulu être. De trouver la joie, la plénitude, de sentir la puissance vous habiter.
Je vous offre de combler vos sensations de manque, de rectifier rapidement le sentiment d'injustices qui vous habite.
Je vous offre de quitter en tout temps les situations inconfortables de votre vie, de vous en éloigner aussi loin que vous le pouvez, comme cela, en cliquant des doigts ou plutôt... en cliquant de la souris!
L'impact de la toile dans nos vies étant indéniable et la force avec laquelle le Web module désormais nos façons de faire, plus encore nos façons de sentir, bousculent définitivement mes présomptions des premières années du phénomène.
En 1982, l'ingénieur en devenir se disait : "Fantastique comme techno!". Vers 1995 en plein début de l'explosion de sa démocratisation, je me suis dit : "Passe temps intéressant, mais probablement accessoire comme la télévision". C'était trop peu m'en méfier.
Aujourd'hui avec le recul, c'était trop peu me méfiez de l'incroyable créativité des technologues de ce monde virtuel et de l'envergure du vide de sens qui frappe de trop nombreux d'entre nous.
Un inquiétant cocktail d'où s'écoule un lent, mais profond asservissement intellectuel intubant l'âme en recherche d'identité comme si le processus n'avait pas de marche arrière possible.
Mais encore, s'il n'en avait été que d'un asservissement intellectuel, il est fort probable que le phénomène serait encore aujourd'hui le fait d'un loisir, d'un amusement occasionnel tout au plus et, surtout, d'une activité correctement classée à la section "nouveau loisir" ou "nouvel outil". Tout serait très bien comme cela.
Toutefois, la chose est devenue toute autre sous la main de productifs créateurs qui ont rapidement compris que ce qui mène le monde, ce qui contrôle une société, que ce qui pousse un individu à poser tel ou tel geste, à prendre telle ou telle décision, c'est l'affect, l'émotionnel et non la raison.
Il est surprenant de constater que deux notions si éloignées l'une de l'autre se soient rapprochées au point d'avoir des frontières communes. Même que, sous une mystérieuse réaction chimique, elles réussissent maintenant à fusionner, comme si ces notions avaient mutées génétiquement, je tenterais le terme "éthiquement".
Amuser et contrôler. Deux affects pratiquement opposés au premier niveau de lecture. Pourtant. Les amuseurs ont compris qu'à amuser les amusés à faire semblant de contrôler, ils se retrouvaient à les contrôler réellement.
Si l'hyperconsommation était absente de notre quotidien, si le capitalisme n'avait pas pour objectif fondamental d'enrichir et, donc, de faire consommer, je pourrais peut-être me laisser convaincre que les failles de notre exceptionnelle nature humaine ne sont pas volontairement exploitées, et ce, de façon insidieuse.
Mais je crois que la mise au point est nécessaire. Une majorité de ceux qui carburent au billet vert ont souvent la morale et l'éthique au fond de leurs poches. Pour eux, la fin justifie fréquemment les moyens.
Subir ou contrôler sa vie sont les seuls deux choix possibles dans ce bas monde. Qui veut échapper à la réalité charnelle de notre existence risque que d'en être que plus durement frappé à son prochain examen de passage. Celui qui se passe ... avec lui-même.
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