"Mesdames et Messieurs, bonsoir à tous. C'est avec un grand plaisir que nous soulignons la générosité hors du commun d'une personne au parcours personnel exceptionnel. Premier de classe, sportif élite, succès d'affaires...."
Voilà une introduction classique d'une soirée de levée de fonds pour une bonne cause sociale en présence d'un généreux donateur s'étant libéré d'une somme substantielle pour le mieux-être d'autrui...et le sien!
Même en plein élan puriste de philanthropie, le système capitaliste n'arrive pas à se faire oublier, voir se faire pardonner.
Comprenons-le une fois pour toutes : une société édifiée sur les bases d'un modèle capitaliste n'est pas un projet social collectif, mais un projet social individuel.
Que cette société aille au moins la décence de se regarder directement dans les yeux face au miroir, et ce, sans les baisser.
Les généreux donateurs de nos sociétés sont simplement le résultat d'un système capitaliste bien huilé, optimisé au quart de tour, au sommet de son autoglorification.
En effet, comment le simple mortel, celui oublié par le système, pourrait-il réprimander le sauveur d'une cause perdue?
Tout historique d'enrichissement d'abord personnel accompli avec ou sans éthique est immédiatement mis aux oubliettes et remplacé par d'immuables regards et sourires admiratifs souvent vides d'entendement.
Oui, mesdames et messieurs, notre tellement humble donateur en présence n'est rien d'autre que le leur ultime d'un système qui connait ses failles et qui sait habilement comment les boucher.
Alors au moment d'applaudir à l'extraordinaire apport de votre philanthrope favori, je vous souhaite un instant de conscience et de clarté en expérimentant de plein fouet la beauté absurde du talent théâtral d'un capitalisme qui s'autojustifie.
Un modèle économique en échec complet, qui génère lui-même les causes (jeux de mots inclus) dont il a besoin pour se glorifier et se détruire. Finalement, un narcissisme économique sans futur, mais très efficace!
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