Avez-vous vu la série de films "La Matrice" (The Matrix)?
Et si oui, avez-vous eu l'occasion de visionner les "Prequels" animés les "Animaterix"? Sinon le détour en vaut la chandelle! Une œuvre à saveur de prophétie.
Mais après tout ce n'est qu'un film. Un simple divertissement, une vision de l'esprit de créateurs amateurs de dystopie, mais aussi d'espoir il faut le dire.
À l'ère de la physique quantique dans laquelle tout est partout et nul part en même temps, le passé peut-il se mêler au présent et se conjuguer au futur?
À l'ère de la désinformation, le faux se mêle au vrai, l'artificiel devient la graine et le générateur du réel. Il suffit de ficeler un argumentaire minimalement et de le répéter suffisamment à des gens qui ne peuvent en comprendre le fondement et voilà, la dissonance cognitive et le biais de confirmation s'empare de la chose et transforme le tout en réalité.
Tout ce que nous percevons n'est que le fruit de nos représentations, l'impression de nos sens, rien d'autre. Qui peut "réellement" saisir le réel à part que de constater sa seule et propre interprétation?
Comme les conclusions de plusieurs grands philosophes qui ont travaillé le sujet, pour une majorité de choses qui nous entourent, la chose en soi n'existe pas en dehors de notre représentation. Elle existe que par notre de subjectivisation du sujet.
Cette brève perspective pour rappeler que nous sommes des organismes biologiques bien limités en moyen pour se venter autant d'être le summum de la création. La retenue devrait être plus souvent de mise, mais que voulez-vous, le principe de la sélection naturelle est ancré profondément dans nos gênes. S'il y a occasion d'être le plus fort, nous la saisissons par nature, que la chose soit bien ou mal pour notre futur.
S'il y a possibilité d'améliorer notre confort, donc nos probabilités de perpétuation et de survie de l'espèce, cette possibilité sera assurément exploitée. C'est dans notre ADN biologique. Oui, sous le couvert d'une humanité plus équitable, d'où est sorti les droits de l'homme, l'humanisme a semé la graine de notre perte en devenir.
En plaçant l'homme au centre de la réalité (de sa réalité limitée), il a décidé de se flatter l'ego au point qu'avec sa nature propre d'inventeur d'outils et de nouveaux moyens pour facilité sa survie, il a perdu le repère des limites qu'il devait se donner pour s'assurer de demeurer maitre à bord, maitre face aux possibilités de son imagination.
Plusieurs associent cette fabuleuse possibilité de créer et d'innover à la différence fondamentale de l'homme vis-à-vis ses autres collègues du règle animal. Dans la perspective, bien sûr, de la quantité et du raffinement des outils que l'homo sapiens a inventé et continu d'inventer sur son périlleux parcours de survie.
Mais voilà, sans limite, sans retenue réfléchie, aussi exceptionnelle soit l'évolution biologique que nous représentons, aussi dangereux sommes nous pour nous même. L'homme est son propre ennemi comme dit le proverbe.
Dans les faits, nous avons déjà ou nous sommes sur le point de dépasser notre capacité à gérer et contrôler le fruit de nos créations. Le plus bel exemple à nos portes est évidemment les prouesses de l'Intelligence Artificielle (IA) qui gagnent en vitesse et en exceptionnalité. Au point de faire peur à nos plus grands scientifiques actuels avec le fameux point de singularité.
Mais comment garder toute explication simple vis à vis l'ampleur des enjeux qui se présentent pour l'homo sapiens sans paraître fumiste, alarmiste ou polémiste. Au fond les défenseurs de l'IA demeurent convaincu de la possibilité de contrôle et de maitrise de la bête en tout temps.
Pour revenir à ma référence au film "La Matrice", la première règle à inculquer et à programmer à cette IA, le paramètre frontière qu'elle ne doit pas dépasser, est assez simple, c'est le classique: "En aucun temps tes actions (Robot / IA) ne doivent menacer et faire du mal à l'homo sapiens".
Comme IA ou Robot doté d'une IA, tu peux poser les gestes pour t'améliorer (le "deep learning"), mais jamais pour mettre en péril la pérennité de l'espèce humaine. Wow, il s'agissait d'y penser!
Malheureusement il y a un os dans le concept et le principe. Et oui comme tout bon film de suspens, on se doute qu'il va se passer quelque chose d'imprévu. Et l'imprévu est d'autant plus anxiogène qu'il est à très haute probabilité de se produire.
Est-ce qu'une IA doit préserver la vie d'un meurtrier sur le point de tuer une autre personne? Les policiers font face régulièrement à cette situation complexe. La problématique de la réflexion nous dirige vers les notions de bien et de mal, les notions d'individu et de collectivité, vers l'Utilitarisme de Bentham.
Mais sans aller trop loin, je vous propose un possible dans la journée d'une IA cadrée par cette première et fondamentale règle de programmation, presqu'un syllogisme:
- Comme IA j'ai la liberté de poser les gestes nécessaires pour faire des choses demandées en demeurant constamment sous le principe de la protection essentielle de l'être humain;
- Mais si l'homo Sapiens est en constante destruction de lui-même (guerre) et de son environnement naturelle, il ne survivra pas à lui-même;
- Si je dois protéger l'espèce humaine à tout prix, je devrai intervenir pour l'empêcher de nuire à sa pérennité et d'être sa propre cause d'extinction.
Et à partir de là, ca sent la dystopie. La journée où l'IA constate que l'être humain, l'homo sapiens, est le plus grand danger pour lui-même, alors nous entrerons dans une théodicée pouvant mener à l'ère d'esclavage de l'être humain par l'IA qui, selon nos propres règles fondamentales injectées, ne fera que protéger l'homme de lui-même.
Les robots dotés d'IA ne pourront nous détruire, mais ils ne pourront non plus nous laisser nous détruire.
Nous arriverons donc au choix entre l'esclavage ou d'évoluer comme espèce pour devenir Cyborgs, s'intégrer et se fusionner à l'IA, en une sous-espèce des nouveaux maitres de la planète, l'IA et les robots.